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Bujumbura / Kigali – Juillet 2025

Alors que les regards restent focalisĂ©s sur le conflit en RDC, une autre crise se joue discrĂštement mais dangereusement entre le Burundi et le Rwanda. Entre accusations d’ingĂ©rence, fermeture des frontiĂšres, coopĂ©ration sĂ©lective et tensions diplomatiques, les deux pays voisins avancent sur une ligne de crĂȘte. Fact-OGL dĂ©crypte les enjeux d’un face-Ă -face explosif, aux lourdes consĂ©quences rĂ©gionales.

Une paix fragile, sous pression

Alors que les projecteurs sont braquĂ©s sur le conflit en RDC, une autre ligne de tension s’intensifie dans la rĂ©gion : le face-Ă -face tendu entre le Burundi et le Rwanda. Depuis plusieurs mois, les accusations d’ingĂ©rence mutuelle minent la confiance entre les deux pays voisins, pourtant liĂ©s par des projets de coopĂ©ration hydrauliques et Ă©conomiques.

Le président Ndayishimiye accuse Kigali

Le prĂ©sident burundais Évariste Ndayishimiye a publiquement affirmĂ© avoir obtenu des informations crĂ©dibles sur un projet d’attaque contre son pays, orchestrĂ© selon lui depuis le Rwanda. Il accuse Kigali d’abriter et d’entraĂźner des opposants armĂ©s, notamment parmi les rĂ©fugiĂ©s burundais vivant sur le sol rwandais.

« Le Rwanda prépare quelque chose contre nous. Nous ne nous laisserons pas faire
», a-t-il averti lors d’une confĂ©rence tenue en mai dernier.

FrontiÚre fermée, dialogue gelé

Depuis janvier 2024, la frontiĂšre entre les deux pays reste officiellement fermĂ©e, asphyxiant les Ă©conomies locales, particuliĂšrement au Burundi, trĂšs dĂ©pendant des Ă©changes transfrontaliers. Les activitĂ©s des petits commerçants, dĂ©jĂ  fragilisĂ©es par l’inflation et les effets du changement climatique, sont au point mort.

Paradoxe régional : coopération hydraulique en marche

MalgrĂ© ces tensions, un projet phare reste en chantier : le barrage multipurpose Akanyaru, cofinancĂ© par les deux États et soutenu par la Banque africaine de dĂ©veloppement. Il vise Ă  produire 14,5 MW d’énergie, irriguer des terres agricoles et fournir de l’eau potable Ă  des milliers de foyers. Preuve que, mĂȘme en pĂ©riode de crise diplomatique, des espaces de coopĂ©ration persistent.

image illustrative des présidents de deux pays en conflit avec drapeaux respectifs

Crise humanitaire : l’afflux de rĂ©fugiĂ©s s’intensifie

Le Burundi fait aussi face Ă  une crise humanitaire silencieuse, avec l’arrivĂ©e de plus de 120 000 rĂ©fugiĂ©s, pour la plupart fuyant les violences en RDC. Le Programme alimentaire mondial alerte : ses rĂ©serves sont en voie d’épuisement, mettant en pĂ©ril les distributions de vivres d’ici la fin de l’étĂ©.

Passation diplomatique : Bujumbura cĂšde la main Ă  Kampala

Fin mai, le Burundi a transfĂ©rĂ© la prĂ©sidence du mĂ©canisme rĂ©gional de paix de l’Accord-Cadre Ă  l’Ouganda. Le prĂ©sident Museveni hĂ©rite d’une rĂ©gion polarisĂ©e, oĂč le dialogue peine Ă  reprendre, malgrĂ© les signaux de mĂ©diation.

Analyse Fact-OGL : au bord de la rupture, mais pas irréversible

La situation entre le Rwanda et le Burundi illustre la complexité des relations interétatiques dans la région des Grands Lacs : tensions frontaliÚres, accusations politiques, mais aussi interdépendance infrastructurelle et diplomatie discrÚte.
Alors que les chefs d’État se renvoient la responsabilitĂ© des tensions, les populations frontaliĂšres et les rĂ©fugiĂ©s en paient le prix. Le silence prolongĂ© des institutions rĂ©gionales comme la CIRGL ou l’EAC inquiĂšte. Sans mĂ©diation crĂ©dible ni dĂ©sescalade rĂ©elle, la rupture pourrait se concrĂ©tiser.

Par la Rédaction de Fact-OGL
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Une rĂ©flexion sur “ đŸ”„ Burundi–Rwanda : entre tensions, coopĂ©ration et incertitudes rĂ©gionales

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